You are currently viewing Academie des Vins Anciens : 39-ème séance (Décembre 2023)

Academie des Vins Anciens : 39-ème séance (Décembre 2023)

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Publication publiée :27 décembre 2023
  • Post category:Nouveautés
  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Académie des Vins Anciens : 39-ème séance

Je suis très heureux d’avoir pu me rendre à cette 39-ème séance de l’Académie des Vins Anciens qui s’est déroulée en décembre 2023 à Paris. Mon emploi du temps étant de plus en plus rempli, il m’est difficile de le faire coïncider avec les dates de cet évènement auquel j’adore me rendre.

Pour cette 39ème édition j’ai pris part à la Table 3. François Audouze est comme d’ordinaire à la table 1 et vous pouvez retrouver son récit sur son site (publication du 5 décembre). Mes apports ont été les suivants : Un Champagne Lanson black label non millésimé, probablement des années 80, un Chablis Premier Cru 1984 Les Vaillons, et un Château TrotteVieille 1964 (Saint-Emilion Grand Cru).

Trottevieille 1964

Une fois sur place je me suis pressé de venir participer à l’ouverture des bouteilles. Leur nombre indiquait une séance particulièrement fournie ! Pas de difficultés majeures me concernant sauf peut-être pour le Château Calon Ségur 1973. La dernière bouteille à ouvrir, la plus « jeune », sont souvent des facteurs qui peuvent nous emmener à lever la vigilance. Or, la pression naturelle d’avoir un François Audouze non loin de vous vous pousse à rester concentré ! Et, après 5 vraies minutes à jouer le démineur, cette bouteille est finalement ouverte. Mon meilleur sentiment va au Charmes Chambertin « Union Vinicole des propriétaires » 1959, qui délivre d’entrée un magnifique parfum floral. Il sera justement à ma table, espérons qu’il subsiste.

L’assemblée prend peu à peu place, composée d’habitués comme de nouveaux venus. Je suis particulièrement satisfait des vins présents à ma table dont figure mon apport majeur mais aussi de très belles références, tel Château Mouton-Rothschild 1967, ou encore notre Château Calon Ségur 1973 à l’ouverture capricieuse du fait d’un bouchon particulièrement collant. D’autres références font office d’outsiders, mais l’expérience des précédentes académies me rappelle qu’il ne faut pas juger sans avoir gouté. Je me souviens de cette fois où le Château Cos d’Estournel 1960 que j’avais fourni s’était fait éclipser par un modeste domaine de Fronsac 1964 (voir mon récit de la 32 ème séance de l’Académie disponible ici ) ! Et cela sans parler des vins algériens de la famille Lung qui dominent régulièrement les votes devant les plus grands noms (pour vous en rendre compte, rien de mieux que de lire les billets de François Audouze à ce sujet).

Charmes Chmabertin 1959
Academie des vins anciens
Academie des vins anciens ouverture
Academie des vins anciens bouchons

Le bal des champagnes fait son entrée avec de nombreuses références, comme ce Moët et Chandon 1983 « Cuvée 250-ème anniversaire » en magnum, dont il faut saluer la fraicheur finale et cette aromatique que les années ont sublimée. Le beurré évoluant vers le chocolat blanc, le tout maintenu par une trame acide des plus bénéfiques.

Ou encore la maison Legras et Haas, habituée de l’Académie, avec un 1995 servi également en magnum qui se distinguait par une trame iodée, légèrement fumée, développant une formidable énergie.

Plongeons un peu plus dans les années avec un 1976 de la maison Vranken, toujours en magnum, sur un beau duo de mirabelle et de fines notes de cacao. Ample dans sa première perception olfactive, vif dans sa prise en bouche. Et ce même si la présence des bulles était devenue anecdotique, l’énergie, elle, était bel et bien toujours présente.

Francois Audouze

Les autres vins du dîner de la table 3 :

Le Pouilly-Fuissé 1948 faisait honneur aux convives avec une belle dominante de moka en fin de bouche. Le Meursault 1938 Jaboulet Vercherre était doté d’une formidable énergie, partageant les sens entre un côté salin puis du beurre, et avec une très belle pointe de yuzu en finale. Ce fut ensuite le tour d’une référence que l’on n’attendait pas, un Côtes du Jura rosé de 1976. Ce vin arriva à créer l’enthousiasme au sein de la table, tellement l’énergie et la complexité aromatique étaient saisissantes. Superbe mélange entre bois de roses et de fines notes de café torréfié. Plein de vivacité dans son déroulé, doté d’une texture délicate, donnant tour à tour amplitude puis légèreté. L’assemblée fut bluffée, et ce, bien que la finale avait tendance à perdre un peu de son énergie, c’était l’occasion de se recentrer sur le floral avec une curieuse pointe de litchi. Un vin étonnant, déroutant et fascinant. Il terminera dans mon top 3 des vins de la soirée. Il fallait oser et j’allais immédiatement remercier Romain Gandia pour cette découverte improbable ! (Romain est un des fidèles de l’académie à l’extrême générosité, la première fois que je l’ai rencontré il partageait un Magnum de Krug avec les ouvreurs de l’Académie (voir mon billet sur la 30 ème séance de l’Académie ici )

Ce fut ensuite au tour de Bordeaux de briller avec de nombreuses références, comme ce Château Lagrange 1975 (appellation Saint-Julien, niveau bas) dont la matière tannique était brillante de précision. Pas étonnant que cette propriété se démarque à l’aveugle dans les très prisées « benchmark tasting » que son directeur Mathieu Bordes organise lors d’évènements (plusieurs vins servis à l’aveugle sur un diner, généralement 4 références sur le même millésime dont Château Lagrange). Concernant mon apport, Château TrotteVieille 1964, je fus satisfait de constater une bonne présence des fruits, et ce, bien que les tannins manquaient quelque peu de reliefs et d’élégance, avec un côté collant et asséchant. Cette exubérance des fruits permettait de tempérer quelque peu ce déséquilibre, mais soyons franc pour une référence d’un tel standing je m’attendais à plus de délicatesse. Satisfait donc mais pas conquis.

Calon Segur 1973
Cotes du Jura rosé 1976
La Lagune 1970

Sur le 1973 de Château Calon Ségur, la puissance tannique encore présente mériterait encore d’attendre quelques années, mais quel beau vin ! Je note à ce sujet que normalement les vins rouges devaient être inférieurs à 1972. L’Académie est bien le seul lieu où l’on pourrait vous reprocher cela, ce qui est une chose que je trouve amusante et qui me rappelle la fois où j’avais apporté, lors de la 31ème séance, un Château Talbot 1986 et que je m’étais gentiment fait reprendre par certains puristes (article ici) . Cette fois-ci c’est à mon tour de jouer au puriste ! Je plaisante bien évidemment, la trame fraiche de ce vin vaut le détour. 

Concernant le 1967 de Château Mouton-Rothschild (bas niveau) on retrouvait bien cette délicate et élégante matière tannique propre à Mouton. Comme les références de ce niveau sont généralement très attendues on pourrait lui reprocher un petit creux en termes d’intensité dans le milieu de bouche, mais le très beau côté mentholé se développant dans la finale permettait d’éclipser ce sentiment. En reprenant mes notes d’il y a deux ans (car déjà dégusté lors de la 35ème séance de l’Académie disponible ici) je m’aperçois que le côté mentholé est monté d’un cran, déliant les tannins (attention le niveau bas de la bouteille est aussi à prendre en compte).

Retour en Bourgogne avec la bouteille que j’avais ouverte en début d’académie, le Charmes Chambertin « Union Vinicole des propriétaires » 1959. Miracle, l’envol floral perçu à l’ouverture persiste et signe ! Cette délicatesse m’émeut et fera de ce vin mon coup de cœur de la soirée. Concernant le Pommard 1937 « La Commarine », la projection est en revanche plus difficile, marquée par une finale torréfiée plutôt sympathique mais ayant tendance à s’effacer.

Une autre bouteille fit son apparition sur la table avec un Magnum de Château La Lagune 1970. On pourrait dire de ce vin qu’il était parfaitement prêt à boire, doté d’un très bel équilibre. Vif en fruits, évolué sur le côté mentholé, et avec des tannins au très délicat côté poudré.

Saluons finalement ce Gewurtzraminer SGN Château d’Orschwir 1989 au caractère rafraichissant et typé de ce cépage et ce magnifique Sainte Croix du Mont 1928, où la notion de sucré aura laissé place avec les années à une délicate partition florale, permettant de conclure de manière admirable cette trente-neuvième séance de l’Académie des Vins Anciens.

Mouton Rothchild 1967 Calon Ségur 1973

Top 3 de la soirée :

Mes trois coups de cœur de la soirée : Charmes Chambertin 1959/ Magnum de Château La Lagune 1970 /Côtes du Jura rosé de 1976 Vichot Girod Courbet Fils.

Merci à tous les académiciens pour cette belle séance et merci à François Audouze pour avoir rendu possible ce moment. Je ne peux que vous encourager à vivre à votre tour l’expérience de l’Académie des Vins Anciens! 

J’en profite pour vous glisser ma contribution au livre d’or de François Audouze pour fêter son millième bulletin. En espérant avoir l’occasion de continuer à en lire un grand nombre. Merci à tous et à bientôt !

Pour les abonnés certains commentaires de dégustations *viennent enrichir ma tasting zone en cliquant ici.

Bonne lecture ! Xavier LACOMBE (XL-VINS)

* Champagne Moët et Chandon 1983 « Cuvée 250-ème anniversaire » / Champagne Legras et Haas 1995/ Champagne Vranken 1976/ Meursault 1938 Jaboulet/ Vercherre /Château Lagrange 1975, appellation Saint-Julien/ Château TrotteVieille 1964 / Château Calon-Ségur 1973/ Château Mouton-Rothschild 1967/ Château La Lagune 1970/ Côtes du Jura rosé de 1976 Vichot Girod Courbet Fils/Charmes Chambertin « Union Vinicole des propriétaires » .

.

Academie des vins anciens

Laisser un commentaire