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Académie Vins Anciens

Académie des Vins Anciens. 35 ème édition. Décembre 2021

Académie des Vins Anciens (A.V.A) 35 ème séance (2 Décembre 2021)

Après avoir raté la précédente édition de l’ Académie des Vins Anciens (A.V.A) en raison du contexte de pandémie mondiale, j’ai sauté dans le premier train pour me rendre à cette nouvelle date proposée par François Audouze !

Nous nous sommes donné rendez-vous comme à l’accoutumée dans un restaurant à Paris (Restaurant Macéo, Paris 1er).Au total nous étions 35 pour une quarantaine de vins répartis en 3 tables. De quoi largement faire !

Au niveau des apports j’avais apporté un Champagne Jean Pierre Thomas, acheté dans un lot de vieux Champagnes datant des années 60. J’avais rajouté également un Château Léoville Poyferré 1960 (Saint-Julien). En constatant la liste des vins prévus, je m’aperçus que sur chaque table était mentionné un Grand Echézeaux 1974 de la DRC ! Expérience assez unique signée Audouze ! Mais ce n’est pas tout puisque François s’est montré particulièrement généreux, fournissant 23 vins, comme par exemple un Château Ausone 1962, ou encore un Château Mouton Rothschild 1967. Ces deux vins se sont d’ailleurs retrouvés à ma table. Je ne pouvais pas être plus comblé !

J’étais à la table 3, François à la table 1. Je pense que je ne serai jamais à la table de François car cela permet d’avoir un deuxième compte rendu sur l’Académie des Vins Anciens. Et comme à l’accoutumée, comme si ça ne suffisait pas, j’ai pu aussi déguster quelques vins des autres tables !

Le début de la 35 ème séance de l’ Académie des Vins Anciens

Comme d’habitude je me retrouvais un peu plus tôt au lieu de rendez-vous pour aider à ouvrir les bouteilles. Sauf que… tout était déjà prêt lorsque j’arrivais. Je ne servais donc à rien, si ce n’est profiter de l’ouverture d’une bouteille dédiée aux « ouvreurs » : un Dom Pérignon 1969 !

Champagne Dom Pérignon 1969

Exubérantes notes de fruits à noyaux, d’abricots, avec des noisettes et un côté beurré. Un Champagne d’une grande opulence avec une effervescence très légère. Parlons plutôt de perlance en bouche. Belle longueur pour ce Champagne d’une grande richesse.

Par la suite François décida d’ouvrir un Mathusalem de Champagne Pommery 1966 ! Le bouchon bougeait une fois le muselet enlevé, ce qui n’était pas bon signe. François senti le vin et fit une mine peu convaincue. En le goutant il paraissait un peu aqueux. Pas de plan B pour ce Champagne, nous verrions bien une fois à table.

François avait invité pour cette session de l’ Académie des Vins Anciens des élèves de HEC et d’ENS au profil international. Nous avons donc eu droit à un magnifique discours en anglais qui me réconforta avec mon propre niveau d’anglais. Je pense que nous pourrions faire un joli duo en ce qui concerne le « french accent » ! Une réserve fut émise au sujet du Mathusalem de Pommery qui allait être servi. Nous allions constater par la suite que son évolution l’avait transformée…

 

Voici mon compte rendu de la Table 3 :

Les vins de la table 3 de la 35 ème séance de l’Académie des Vins Anciens

 

Champagne Pommery 1966 (en Mathusalem)

Ce 1966 fut une bonne surprise malgré une bouteille peu engageante à l’ouverture, avec un côté aqueux jetant un voile sur le vin. Une bonne heure plus tard, et une fois servit, le vin dévoile une énergie nouvelle qui se développe de plus en plus et qui s’harmonise ! Très belles notes de beurre, de noix et de d’abricots séchés. Une fraicheur surprenante s’est développée et arrive même à se poursuivre en fin de bouche. Quelle délicieuse résurrection !

Champagne Jean Pierre Thomas des années 1960

L’un de mes apports. Très belle couleur d’un doré bien vif. Le nez se tourne vers un côté noisette et de pommes, façon Reinette grise du Canada. Agréable de noter une effervescence des plus honorables au visuel. En bouche le résultat est plus mitigé avec une fine perlance et un côté rugueux, légèrement poussiéreux. La tension des bulles, extrêmement fines en attaque, demeureront un beau souvenir.

Meursault Patriarche 1942

Magnifique nez de beurre avec quelques noisettes encore fraîches. Fraicheur qui se retrouve très bien en bouche et qui permet à l’ensemble d’être très harmonieux et cohérent. L’opulence est ici parfaitement équilibrée avec une superbe longueur, très riche, mais toujours très fraiche. Un vin qui ne fait pas son âge. Superbe !

 

Bourgogne Aligoté La Chablisienne 1979

Notes d’asperges et d’artichaut en bouche. Un vin très porté sur les notes végétales. Il en est surprenant, mais pas écœurant. On peut même dire plaisant ! Un vin qui serait superbe avec une salade végétale bien croquante.

Royal Kebir, Frederic Lung 1945, Algérie (Rosé)

Notes de poivre blanc avec quelques fines framboises, dont certaines sont encore fraîches. Au loin se dessinent quelques notes de noisettes grillées. La bouche est fraîche, vive, d’une tension exceptionnelle. Elle est reprise par quelques notes de brioche en fin de bouche. Comme son nom l’indique en arabe, Kebir est grand !

 

Château Le Bourdieu 1976, appellation Haut-Médoc

Discrètes notes de fruits rouges au premier abord mais qui ont tout de même de la profondeur. La matière tannique est présente mais bien fondue. Quelques cerises rouges confites se superposent habilement à l’ensemble. Un vin agréable dont on pourrait dire qu’il est à boire à présent, avec des notes de framboises et de groseilles qui ont encore un peu de fraîcheur, même si la tension est descendante en fin de bouche.

Château Ausone 1962, appellation Saint-Emilion Grand Cru Classé A

Le nez présente un léger défaut mais derrière quel superbe paysage ! Des notes de fruits rouges en viennent à émerger au fur et à mesure de l’aération, au milieu de notes un peu plus riches, de cuir et de fumée. En bouche de belles prunes rouges viennent se glisser dans une texture d’une classe incroyable ! Légère, souple, raffinée et avec une grande longueur. La fraîcheur des fruits émerge tout à coup en fin de bouche. C’est encore tellement frais ! Incroyable, et quelques notes de chocolat blanc apparaissent subitement. Quel vin ! La matière est d’une délicatesse incroyable avec un grain de tannins grandiose.

Assurément mon coup de cœur de la soirée !

Château Léoville Poyferré 1960, appellation Saint-Julien 

Au nez, d’intenses notes de chocolat blanc avec quelques fines traces de poivre blanc se perçoivent instantanément. Par la suite on retrouve des notes de fruits rouges séchés. La matière en bouche est vive. L’attaque est surprenante de fraîcheur avec des notes de prunes et de cerises confites. Belle longueur en finale avec quelques pointes de poivre noir qui se dessinent en finale, et qui affirment le style. Encore de belles choses à raconter.

 

Château Mouton Rothschild 1967, appellation Pauillac

Puissantes notes épicées, poivrées au nez. Belle texture, à la fois puissante et légère avec une très fine matière en bouche. Les tanins sont encore très présents et ont une superbe finesse. Longueur avec une astringence encore assez marquée. Ce vin pourrait durer avec de légères notes d’herbes mentholées qui apportent fraicheur et grande complexité.

 

Grand Echézeaux, Domaine de la Romanée Conti 1974

Niveau de la bouteille bas. Notes mentholées et de café au premier nez. Du fenouil se libère à l’aération. La bouche est vive et sur de belles notes de fleurs séchées. La matière tannique est encore bien présente, avec une finale légèrement herbacée qui a tendance à faire gagner l’ensemble en complexité.

Ce vin divisa quelque peu la table… forcément il était tellement attendu ! Certains étaient un peu déçus au regard du prestige d’une telle bouteille. D’autres s’enthousiasmaient sur des notes de bois de roses, caractéristiques de ce vin. Pour ma part je me situais entre les deux. Ce vin est de qualité, mais je ne fus pas transporté et je ne trouvais pas sur l’instant ce marqueur distinctif sur lequel me rattacher. C’est souvent le problème de ces vins prestigieux dont l’aura est telle qu’elle en éblouirait notre jugement… d’un côté comme de l’autre. Je ne sais pas si j’aurai l’occasion de déguster à nouveau une telle bouteille, mais étant de nature optimiste je dis : affaire à suivre !

Châteauneuf du Pape 1947, Réserve des Chartes 

Un vin très subtil et profond. Particulièrement en ce qui concerne les notes de fruits noirs, qui affichent encore une très belle maturité et un côté éclatant. Quelques fines notes épicées viennent également se superposer.  En bouche l’attaque est très vive et rapidement reprise par des notes fumées qui relèvent l’ensemble. La finale est subtile et a su conserver une fraicheur impressionnante. Beaucoup de puissance au niveau de la matière tannique, mais aussi de la subtilité et de la finesse grâce à ces superbes notes poivrées.

Vin Jaune, Château de l’Etoile 1969

Notes de fromage et de pain brioché au nez. La bouche a su conserver une vivacité certaine, ce qui est particulièrement appréciable. Ces notes de levures, qui sont enveloppantes, sont admirablement reprises par de vives notes de citrons. L’ensemble est particulièrement harmonieux en fin de bouche. On retrouve également de belles noisettes grillées qui rajoutent encore plus de gourmandise et d’éclats. Très belle complexité !

Château Sigalas Rabaud 1959, appellation Sauternes

Notes de caramel, d’abricots séchés et de chocolat blanc. Beaucoup d’opulence en bouche. On est sur un vin qui est très axé sur le côté torréfié, avec des notes de noisettes grillées, de coing, d’abricot sec et de pêche rôtie, le tout dans une grande longueur.

Délicieux et parfait pour terminer ce repas !  

Les autres vins dégustés durant la 35 ème séance de l’ Académie des Vins Anciens :

Étant toujours avide de déguster un maximum de vins j’ai également pu déguster quelques autres trésors !

 

Château Mouton Rothschild 1941, appellation Pauillac

Nez exceptionnel ! Grande finesse de fruits séchés avec une très belle pointe mentholée et de sous-bois. La profondeur est exceptionnelle, captivante. En bouche on perçoit encore de la vivacité avec quelques notes de mine de crayon qui vont plutôt bien avec les baies rouges, dont certaines sont séchées. Ces fruits ont tendance à revenir en finale, rendant le vin enchanteur.  

Vieux Château Certan 1967, appellation Pomerol  

Notes truffées et de poivre noir. Belle opulence au nez avec des fruits noirs assez charnus. La matière en bouche est cohérente avec le nez. L’attaque est vive mais tend à rapidement perdre en intensité en fin de bouche avec une astringence un peu trop marquée. Il ne faudrait pas tarder à déguster les dernières bouteilles de ce vin.

 

Château Latour 1941, appellation Pauillac

Notes poivrées très présentes avec un fin côté mentholé qui se développe dans un deuxième temps au nez. La bouche est assez acérée, astringente, avec une finale sur des notes de gibier qui possède du charme et qui permet d’arrondir quelque peu le côté tranchant du vin.

 

Château Margaux 1934, appellation Margaux

Profondes notes de fruits noirs, de truffes, avec aussi un peu de pivoine. Très élégante matière en bouche. Il m’apparait difficile de l’appréhender plus en détail car il s’agit de la toute fin de la bouteille et qu’il y a beaucoup de dépôts, ce qui doit amplifier l’astringence en fin de bouche qui apparait disproportionnée malgré une belle vivacité. A regouter… un jour peut-être là encore !

Bouchard Père et fils, Haut Sauternes 1953

Une bouteille atypique puisque ce Sauternes porte la signature de la grande maison bourguignonne Bouchard ! Au nez, notes de café d’une grande gourmandise. La bouche est ample, cohérente, avec une fraîcheur relative. Elle n’est plus très présente mais ce qu’il en reste permet de donner du cachet au vin. Il est parfaitement accessible à présent avec un bel équilibre (Évitez d’attendre plus longtemps si vous possédez cette bouteille).  

Porto Dows Vintage 1970

Nez de cerises confites. Grande intensité en bouche ! Et pourtant une très belle finesse dans la matière demeure dans le même temps. On reste comme soufflé par ce combo surprenant où la puissance n’est pas extravagante tellement la subtilité est également de mise.

Vega Sicilia Unico 1967 (Espagne)

Notes de fruits noirs puissants avec quelques notes de baies rouges et d’herbes séchés. La matière est d’une grande délicatesse. Elle est puissante et douce à la fois, avec un très bel équilibre de la matière tannique. La finale offre encore une bonne fraîcheur, rendant ce vin très plaisant de bout en bout.

Château Lafaurie Peyraguey 1971, appellation Sauternes

Notes de chocolat et d’abricots qui ont conservés une remarquable fraîcheur ! La bouche affiche une belle tension et offre de la légèreté. La finale est presque exempte de sucre. On retrouve une fine note de cannelle mais ce vin évoque surtout une tarte tatin bien fraîche. Plus qu’une évocation d’ailleurs, un appel ! Un vin qui se tient de bout en bout avec une très belle longueur. Une belle histoire qui pourra encore perdurer un long moment !

Klein Constantia 1987 (Afrique du Sud)

Éloquentes notes d’herbes fraîches, de menthe, et d’agrumes. Très belle vivacité en bouche, très présente, avec un touché de bouche très délicat. Véritablement superbe ! La finale est d’une très grande longueur avec des notes d’orange et de brioche. Un vin éclatant et des plus enthousiasmant !

Ce mythique vignoble ayant réapparu en 1986, c’est une chance énorme de déguster ce millésime 1987. En partageant ce moment sur mes réseaux un de mes élèves me contacta, car c’est justement un vin que je lui avais fait découvrir, sur le millésime 2017. Il l’avait trouvé exceptionnel. Alors à mon tour je tiens à remercier particulièrement Romain Gandia (fidèle parmi les fidèles de l’Académie) pour m’avoir fait partager ce magnifique 1987.

Académie des Vins Anciens : final

Une nouvelle fois je repartais de cette soirée comblé… mais aussi nostalgique. L’Académie des Vins Anciens nous plonge à chaque session dans la magie du monde du vin, sublimé par un voyage dans le temps hors norme. On aimerait être pris dans cette spirale temporelle et ne plus jamais en sortir. Il n’y aura jamais assez de vins, et le service sera toujours trop rapide ! Un dîner ne suffit pas, car une fois sorti, on veut déjà y retourner. François, un simple merci ne suffira pas pour tout ce que vous faites pour le monde du vin. Chers amis académiciens, je vous dis à tous à très bientôt pour une nouvelle soirée hors norme !

Xavier LACOMBE

 

Pour retrouver le compte rendu de la table 1 de François Audouze et de l’Académie cliquez ici.
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